« Après mon premier film, les critiques disaient que je ne valais rien. Un an plus tard, j’ai réalisé Sixième Sens et les mêmes journalistes ont dit que j’étais un maître du cinéma. Puis j’ai sorti Incassable et on m’a traité de prétentieux. Après avoir terminé Signes on m’a qualifié de nouveau Spielberg. Et après La Jeune Fille de l’eau, j’étais un charlatan ».
M. Night Shyamalan est une énigme dans le paysage cinématographique hollywoodien. Propulsé de l’anonymat à la gloire grâce à Sixième Sens, il fut tantôt encensé par la critique et le public, courtisé par les plus grands producteurs, tantôt fustigé. Sans jamais se départir de ses ambitions, il n’a cessé de croire aux pouvoirs du cinéma, de la fable et de l’imagination. Conteur des temps modernes, il signe autant de films audacieux, où le surnaturel s’inscrit dans le quotidien.
Dans La Jeune Fille de l’eau, sorti en salle en 2006 Night Shyamalan profite de son sempiternel petit théâtre de l’horreur post-moderne pour autopsier avec patience les restes du merveilleux dans un monde dépourvu de spiritualité. Il y a une croyance en l’être humain car selon Shyamalan la magie réside en chacun de nous
Le cinéaste s’est spécialisé dans un registre : les figures archétypales du fantastique et du merveilleux paumées dans notre monde à nous (les fantômes dans Sixième Sens, les super-héros dans Incassable, les extra-terrestres dans Signes ; les loups-garous dans Le village et enfin la nymphe dans La jeune fille de l’eau ).
La Jeune Fille de l’eau fait apparaître une communauté où chacun aurait sa place, sa valeur et un esprit ouvert aux expériences les plus folles. Car l’harmonie de cette association humaine tient dans son engagement, sa croyance à la prophétie de la narf. Mais loin d’être des fanatiques, les personnages de La Jeune Fille de l’eau pratiquent un humour absurde, ironique et poétique des plus réussis. Même la recherche de « signes » qui faisait se reclure dans une sorte de paranoïa les personnages de Signes trouve ici un écho comique, notamment dans les scènes d’oracle des boites de corn-flakes ou des mots croisés. Car si Shyamalan sait rire de son entreprise, il ne le fait jamais de ses personnages. Le cinéaste nous montre que d’un conte découlent des idées et la foi qui les accompagne; tout parait alors encore possible pour fonder un monde meilleur. Chez le cinéaste, le chemin est autant personnel que collectif et la narf doit permettre à chacun de trouver sa place malgré ses conflits internes, à l’image de son couple principal qui se guérit l’un l’autre. Ne sombrant jamais dans le pathos indigeste ou au contraire dans le cynisme puéril, le film de Shyamalan est à l’image de son couple d’acteurs principaux: surprenant et bouleversant.
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http://www.chaosreign.fr/la-jeune-fille-de-leau-m-night-shyamalan-2006/
https://fr.wikipedia.org/wiki/ M._Night_Shyamalan# Bibliographie_critique